
Iliad Vitry sur Seine[/caption]Iliad (maison mère de Free), ouvre les portes de son datacentre flambant neuf de Vitry-sur-Seine. L’opérateur profite ainsi des journées du patrimoine pour mettre en lumière un des plus essentiels, et surement l’un des plus méconnus maillons de la toile. A quoi ça sert ? Comment sont hébergées les données ? Qui peut y avoir accès ? Quelles sont les mesures de sécurité ? Bref, comment ça marche un datacentre ?
Une organisation hors-pair
Après quelques minutes d’attente, le temps que les nombreux groupes devant nous commencent à sortir, l’on s’engouffre dans le calme dans l’imposant bâtiment. Ce qui frappe en premier lieu ? La qualité et le design du vaste atrium. Bienvenue dans un bâtiment qui ne dépareillerait pas dans de nombreux film de science-fiction !
Une fois badgés et chaussés de nos chaussons anti-poussières, notre accompagnateur nous convie à franchir le premier sas de sécurité, sans avoir oublié de nous rappeler auparavant que ce bâtiment comporte aussi 400 salariés dédiés au support clientèle de Free Mobile. Il nous glisse aussi que l’essentiel des recrutés habitent Vitry-sur-Seine et ses environs. Une façon de se distinguer des implantations de grandes entreprises à la plaine Saint Denis qui ont choisi de s’installer sans réellement prendre en considération le vaste bassin de recrutement sinistré pourtant proche.
Une nouvelle fois, bravo Iliad pour ton sens politique !
Redondance, redondance, tu t’appelais redondance
Solidité, juste prix, fiabilité et peut-être même une pointe de paranoïa. On retrouve dans la construction même du bâtiment le patrimoine génétique d’Iliad, inventeur de sa précieuse Freebox.
Contrôle d’accès permanent, video-surveillance avec plus de 300 caméras, temps d’ouverture de porte chronométré et alarme de 70 décibels, écrans de contrôle en temps réel des différentes salles : rien n’est laissé au hasard afin d’assurer la sécurité et l’accessibilité des installations.
Au cours de la visite on tente de trouver la faille. Des travaux couperaient la fibre optique du bâtiment ? Pas grave, un deuxième circuit d’arrivée existe.
La climatisation sauterait ? Aucun soucis, le circuit de refroidissement de l’air est en doublon. Les deux refroidisseurs claqueraient ? Cela tiendrait le choc grâce au refroidissement à air forcé présent sur les toits.
Et si la liaison 20 000 volts faisait des siennes ? Le site dispose d’une double alimentation. Et si celle-ci disparaissait ? De gros générateurs reliés à deux cuves de fioul de 50 000 litres chacune prendraient le relais de la production électrique. Votre esprit malin pointe deux défauts : il y a un temps de mise en route et on ne peut pas remplir une cuve de fioul en cours d’utilisation. Notre interlocuteur avait une nouvelle fois prévu la réponse : les cuves sont conçues pour être alimentées en cours d’usage et le site dispose d’une autonomie sur batteries oscillant entre 20 et 30 fois le temps de démarrage des groupes électrogènes (30 secondes). Et si deux des quatre groupes tombaient en panne en même temps ? Idem, le site peut fonctionner avec deux groupes.
Au feu camarade !
Outre la taille des espaces (1600 m² par plateau), la conception sans poteaux (ceux-ci sont à l’extérieur des salles) c’est la protection incendie qui m’a le plus impressionné.
En cas d’incendie,le feu est confiné grâce à un brouillard d’eau, qui ne se déclenche que si un double système de sécurité (électronique et mécanique) donne son aval. De l’eau sur des composants électroniques ? Je vous invite à visionner la vidéo de test à la fin de l’article pour constater que tout ceci est efficace et sans danger tant pour l’homme que les machines (contrairement au mécanisme d’étouffement par Co2 qui chasse l’oxygène).
L’écologie c’est économique
Dernier point : l’environnement.
Des milliers d’ordinateurs, ça chauffe. Il faut donc refroidir l’air. Pour refroidir l’air on utilise des conduits d’eau qui vont à leur tour se réchauffer. Et pour les refroidir le datacentre repose sur deux éléments essentiels : des armoires à eau glacée… et un échange via de grandes hottes sur les toits. 6 à 7 mois par an, le passage à l’air permet de se passer complètement des groupes froid et économiser ainsi une quantité précieuse d’électricité.
Agir sur sa production c’est bien, diminuer sa consommation générale, c’est mieux. C’est pour cela que l’équipe des infrastructures a adopté un système dit de « couloir froid ». Les serveurs, correctement alignés et empilés sont enfermés dans une sorte de cube de verre. Cela permet de ne refroidir que le strict nécessaire : l’air froid est envoyé dans le couloir central, les serveurs aspire l’air froid qui est rejeté chaud à l’arrière des machines dans un « couloir chaud ».
Et pour conclure une visite aussi enchanteresse qu’informative, rien de tel qu’un petit hot-dog frites et délicieuses crèmes glacées offerts par l’entreprise pour conclure cette visite. Et si vous vouliez postuler chez iliad, c’était aussi prévu : il suffisait de laisser son courriel à l’espace ad-hoc.
En savoir plus :
Essai extinction incendie par brouillard d’eau (Iliad – CNRS) :
[youtube clip_id= »0Ot4pby2D7o »]